Dans le cadre du colloque Melancholia, l’Atelier Silex en collaboration avec la Biennale internationale d’estampe contemporaine de Trois-Rivières vous convie au vernissage du projet (Dé)jouer le son/Ungraving Sound créé par Karine Bouchard et Marlon Schumacher.
Karine Bouchard est commissaire indépendante et doctorante en histoire de l’art à l’Université de Montréal et Marlon Schumacher est artiste d’art sonore et doctorant en technologie de la musique à l’Université McGill. Ces deux artistes s’unissent afin de créer (Dé)jouer le son/Ungraving Sound, une installation qui utilise le disque vinyle comme objet matériel et comme artefact pour revisiter la conception de l’estampe traditionnelle. Les artistes introduisent également le son telle une composante malléable qui influence le spectateur dans sa réception de l’œuvre.
Le projet revisite, modifie, déconstruit et reconstruit quatre estampes d’artistes notoires faisant parties de la collection « Prints and Illustrated Books » du Museum of Modern Art of New York (MoMA). Les images étant accessibles sur le site internet du musée, l’installation propose de récupérer et transformer ces données. Les œuvres originales choisies ont ensuite été décrites par les voix du public trifluvien suite à des entretiens avec des personnes représentatives des différents lieux sociaux et institutions de la région, dont les cafés et les musées.
L’exposition présente une interprétation de ces descriptions enregistrées par une interaction entre collages sonores et vidéos où les voix sont devenues muettes et traduites en sons. L’œuvre joue ainsi du décalage entre l’image originale, sa description verbale et sa déconstruction. Il s’agira pour le spectateur non plus d’entrer en contact avec des œuvres estampières par la vue, mais plutôt par l’écoute et le toucher, ce qui lui permettra de reconstituer une image mentale de la gravure originale.
Le disque vinyle, quant à lui, devient le médiateur de cette orchestration. Il importe de rappeler qu’actuellement, les projets d’œuvres sonores s’immiscent de plus en plus dans l’espace de la galerie, bien qu’ils fassent appel à des matériaux liés davantage au domaine de la musique que des arts visuels; le disque vinyle en étant un exemple. En tant qu’objet matériel et artefact, ce dernier peut être envisagé comme le lieu sur lequel le son est gravé, enregistré et ensuite diffusé en multiples copies; il devient ainsi le véhicule sur lequel se forment des empreintes ou des traces du son. De cette manière, il entame une réflexion sur les façons de concevoir les arts reproductibles, et plus spécifiquement l’estampe, de mettre en valeur les différentes formes et ramifications de ceux-ci. En d’autres termes, il apparaît que le disque comme technologie d’enregistrement et comme moyen de marquer le son rejoint d’un point de vue idéologique les différents modes de gravure. Il importe alors de repenser les liens qui unissent ces deux pratiques pour offrir une réflexion sur les œuvres multimédiatiques ainsi que sur l’introduction des occurrences sonores dans l’espace de la galerie.